Comment construire un quartier à l’échelle humaine ?

Des quartiers comme Condesa à Mexico, Williamsburg à New York ou le Mile End à Montréal sont des lieux vivants, verts et dynamiques. Mais un quartier où il fait bon vivre, cela se crée habituellement de manière organique, un peu désorganisée, sur des décennies, voire des siècles ; un commerce et un banc public à la fois. Est-il possible de recréer ces conditions dans un lotissement tout neuf ? C’est le projet visionnaire et ambitieux que représente le quartier Pointe-Nord, à L’Île-des-Soeurs.

Pour mettre toutes les chances de son côté, la Corporation Proment a mis en application ces principes modernes d’urbanisme, qui ont fait leurs preuves ailleurs dans le monde.

1- Identifier un site exceptionnel au bord de l’eau
Montréal est une ile, mais très peu d’endroits offrent un accès direct à l’eau. La vision, avec Pointe-Nord, était donc de créer le premier quartier véritablement riverain, comme il en existe à Copenhague, Stockholm ou Chicago. Perçue comme moins attrayante que la verdoyante pointe sud de L’Île-des-Soeurs, la Pointe Nord a longtemps été un terrain vague. Pourtant, cette dernière offre des vues spectaculaires sur le fleuve et sur la silhouette du centre-ville, tout près. Il suffisait de les mettre en valeur.

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2- Développer une vision intelligente et cohérente de l’aménagement urbain
“Prendre le temps de bien faire les choses” : voilà le mantra qui a animé Samuel Gewurz, président et fondateur de la Corporation Proment, dans le développement de Pointe-Nord. Les premières ébauches de ce nouveau quartier remontent à 2005, lorsque le promoteur a consulté le groupe SWA de San Francisco, reconnu pour ses projets d’aménagement urbain de grande envergure à travers le monde. Sont ensuite venues, en 2008, de nombreuses séances de travail avec l’agence Sasaki de Boston, avec qui Proment a approfondi une vision inspirée du développement riverain de Vancouver, où les grandes tours côtoient les maisons de ville. Puis sont arrivées les équipes québécoises : Lemay Michaud, Jean-Pierre Bart, Forme Studio et Projet Paysage, qui ont travaillé en collégialité pour assurer un développement cohérent. Un phénomène assez rare en architecture.

3- Penser la mixité
Trois grandes tours élancées de trente étages côtoient des bâtiments de cinq ou six étages, ainsi que des maisons de ville de deux étages. La relation entre les bâtiments a été étudiée afin de créer une densité et une mixité beaucoup plus organiques qu’une enfilade de tours séparées par des stationnements asphaltés. La diversité d’habitations amène aussi une mixité démographique — familles, couples, célibataires, retraités — plus proche du village que de la ville-dortoir.

4- Garder l’humain au coeur de tout
À chaque étape de la conception, l’expérience sensorielle du piéton a été prise en compte. Toutes les rues descendent en pente douce vers l’eau afin de préserver les points de vue. La largeur des avenues — ni trop larges, ni trop étroites — crée un sentiment de sécurité. Les façades en rez de-chaussée possèdent des revêtements distincts et chaleureux sur les premiers 20 pieds de hauteur, et les façades commerciales sont légèrement différentes les unes
des autres afin de traduire la diversité d’une rue principale.

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5- Créer une place centrale
En Europe, villes et villages possèdent toujours une place centrale où les générations s’entremêlent et où on aime s’arrêter un instant avec un café, simplement pour être parmi nos semblables. Sur ce modèle, le parc de l’Esplanade et la placette de Pointe-Nord ont été planifiés dans les menus détails pour maximiser l’interaction humaine, favoriser une programmation vivante et offrir un lieu animé à l’année. La terrasse du restaurant, en bordure de la place, est une attraction en soi. En été, des trios de jazz viennent s’y produire, tandis qu’en hiver, l’agora se transforme en patinoire éclairée au bord de l’eau.

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6- Miser sur l’accessibilité
Bien que le centre-ville et la Rive-Sud se trouvent à moins de cinq minutes en voiture, tout a été planifié pour favoriser les transports actifs. Les autobus des sociétés de transport de Montréal et de la Rive-Sud desservent le quartier. Une piste cyclable relie Pointe-Nord au reste de l’ile des Soeurs et au canal Lachine, si bien qu’on peut se rendre à vélo au marché Atwater en 15 minutes. Le service d’autopartage Communauto y met des voitures à la disposition de ses abonnés. Avec le nouveau pont Champlain, le quartier accueillera une station du très attendu train léger.

UNE RUE PRINCIPALE, DES COMMERÇANTS TRIÉS SUR LE VOLET
Pour créer une véritable rue principale, le promoteur du quartier Pointe-Nord a méticuleusement choisi les commerçants qui viendront y accrocher leurs enseignes. « Nous voulions des commerçants avec une saveur unique, afin de recréer un esprit authentique de quartier », explique Ilan Gewurz, vice-président de Proment, qui s’est personnellement lancé à la recherche de commerces montréalais d’exception pour les attirer à Pointe-Nord. « C’est assez rare qu’un promoteur privilégie ce type de petits commerces plutôt que des franchises aux reins solides qui signent des baux sur plusieurs années. Mais c’était essentiel pour donner une âme au quartier, comme celle que l’on retrouve dans des quartiers centenaires », dit-il.

Quelques commerces établis dans le quartier:

UN QUARTIER VERT
Pointe-Nord est l’un des premiers quartiers au Canada à avoir obtenu la certification LEED Neighbourhood Development, qui reconnait le développement responsable et durable des nouveaux quartiers. La certification impose trois grandes conditions : où construire, quoi construire et comment gérer les impacts de ces nouvelles constructions. Une vision écologique et durable est essentielle, dans la perspective d’un quartier avec une vision d’avenir à long terme.

 

Extraits du Petit guide du quartier de demain paru dans le magazine Nouveau Projet 10.

 

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